Ces dernières semaines, nous avons été inondés de contributions courtes et longues, superficielles et approfondies sur la pollution chimique dans des revues scientifiques, des journaux et magazines traditionnels, des brochures ou/et des messages sur les médias sociaux. Tous les messages ont une caractéristique commune : ils sont tous inquiétants, extrêmement inquiétants même !
A Bruxelles et à Paris, nous respirons un air pollué. A Paris, les conditions à l’intérieur du métro sont encore plus mauvaises qu’à l’extérieur. En général, les poumons humains peuvent supporter quelque épreuve, mais là, les choses commencent à se gâter.
Notre eau potable est bourrée de substances per- et polyfluoroalkylées, les tristement célèbres et incroyablement résistants PFAS. Plus personne ne doute qu’ils n’ont pas leur place dans nos corps, mais ils sont là. Bond Beter Leefmilieu (https://www.bondbeterleefmilieu.be/) a fait analyser le sang de huit hommes politiques de premier plan. Résultat : les huit personnes avaient des PFAS dans le sang. Plus personne n’y échappe désormais !
Et presque plus de micro et nanoplastiques que de sable sur les côtes espagnoles ! À première vue, cela semble inoffensif, mais je voudrais soulever une préoccupation sérieuse. Il faut se rendre à l’évidence : tout le plastique déjà produit et utilisé aujourd’hui, qu’il soit recyclé ou non, se transformera à terme en micro et nanoplastiques. Pour être clair, ils sont déjà partout, dans les sédiments les plus profonds de l’océan, dans la neige et l’eau des ruisseaux des plus hautes montagnes, sur les côtes espagnoles et dans notre alimentation et dans notre corps. Malheureusement, les particules de plastique ne voyagent jamais seules. Avant de pénétrer les organismes, les micro et nanoparticules, tels des minibus (Gontard 2020, Plastique, le grand emballement ; Edition Stock), peuvent embarquer tout un groupe de passagers indésirables. De nombreux contaminants chimiques se collent très facilement aux micro et nanoparticules et sont ainsi transportés partout. Sur terre et en mer, et ensuite dans les organismes vivants.
D’autres auteurs (Zhang & Xu 2022, Critical Reviews in Environmental Science and Technology, 52(5), 810-846) décrivent les micro et nanoplastiques comme de petits chevaux de Troie. Après avoir vainement assiégé Troie pendant dix ans, les Grecs mirent au point une ruse pour prendre la ville : un cheval de bois géant et creux, dans lequel se cachait un groupe de soldats conduits par Ulysse. Les Troyens, crédules et imprudents, décidèrent d’accepter « le cadeau » et le cheval fut tiré dans les remparts de la ville. De plus, ils organisèrent une grande fête et, une fois les Troyens pris dans la torpeur de l’alcool, les Grecs descendirent du cheval et ouvrirent les portes de la ville, permettant aux autres soldats de leur armée d’entrer et de piller la ville.
Voilà ce que font les contaminants chimiques non détectés et invisibles. Une fois dans l’organisme, ils frappent à un moment inattendu, ce qui peut donner lieu à des malaises et des maladies de civilisation. En effet, regarder ailleurs n’est plus une option.