Souvent, elle est posée de manière simpliste : « Yaka réduire la natalité dans les pays en voie de développement ! ». Rien que du bon sens, à première vue.
A part que cela ne se décrète pas d’un claquement de doigts. D’autant plus que dans les pays les plus pauvres, où il n’y a (quasi) pas de sécurité sociale (soins de santé, pensions) les enfants font office de sécurité sociale pour leurs parents.
Et que même si c’était réalisable – à l’échelle d’un ou deux continents ! – les effets n’interviendraient qu’à long terme.
Et donc, en posant principalement le problème comme cela : 1) On reporte la responsabilité sur les autres 2) On conclut éventuellement qu’il n’y a PAS de solution réaliste. 3) On rentre tranquille chez soi en se dépêchant de penser à autre chose.
Mais surtout, cette manière de poser le problème est erronée.
Car les choses ne sont pas si simples. Il est vrai que l’empreinte écologique de l’Humanité est liée à l’importance de sa population, mais pas que.
La formule pour calculer l’empreinte écologique est la suivante : Impact = Population x Richesse x Technologie (I = PRT) (En anglais I=PAT, avec A pour « Affluence »).
Le taux de croissance de la consommation mondiale, avant la pandémie, était de 3 % par an, tandis que la croissance de la population est de 1 %. Mais la croissance de la population est très majoritairement concentrée chez les personnes les plus pauvres du monde, dont l’empreinte écologique PAR HABITANT (et donc la production de CO2) est faible. Tandis que 50 % des émissions de gaz à effet de serre sont imputables aux 10 % des habitants plus riches de la planète, la moitié la plus pauvre de la population mondiale – 3,5 milliards d’habitants – n’est responsable que de 10 % des émissions de carbone, alors qu’elle est la plus menacée par les tempêtes catastrophiques, les sècheresses et d’autres chocs climatiques liés au changement climatique.
En outre, alors que les émissions augmentent le plus rapidement dans les pays émergents, elles sont en grande partie liées à la production de biens consommés dans les pays riches, ce qui signifie que les émissions associées au mode de vie de la grande majorité de leurs citoyens sont toujours bien inférieures à celles des pays développés.
« Ce sont les évolutions des modes de production industrielle et agricole, la façon comment les ressources naturelles renouvelables et non renouvelables sont exploitées et les biens consommés qui sont à l’origine des problèmes environnementaux. C’est à la surproduction et à la surconsommation des pays du Nord qu’il faut s’attaquer le plus vite plutôt qu’à la croissance démographique des pays du Sud. »
« Celles et ceux qui tirent profit de l’ordre mondial actuel (ou du désordre dans la coordination des politiques pour réduire les émissions de gaz à effet de serre) ne veulent rien y modifier et plaident pour des solutions technologiques complexes et coûteuses, cherchant plutôt les moyens de le faire perdurer sans opérer de véritables changements. Nombre de propositions du développement durable vont dans ce sens : subventionner l’achat des automobiles électriques (Béland, 2019), trouver de nouvelles sources d’énergie pour remplacer le pétrole (BAPE, s. d.), se débarrasser du carbone en le capturant dans l’atmosphère ou en l’enfouissant au fond des mers (Chung, 2019), etc. »
Agiter la menace de surpopulation évite de se questionner sur nos modèles de société. Alors que ce serait plutôt sur ces modèles qu’il faudrait travailler.
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