Vous trouverez dans ce site des informations de base sur les crises sociales et environnementales. Ces informations proviennent de sources scientifiques solides, auxquelles nous renvoyons pour des analyses plus approfondies.
Ces crises constituent un sujet de grave préoccupation pour l’humanité. Il aurait été et est toujours possible d’y répondre par des mesures difficiles certes, mais absolument indispensables au maintien de l’habitabilité de la Terre. Malheureusement, tant la plupart des personnes influentes dans le monde que des simples citoyens hésitent voire refusent de passer à l’action.
Ce site veut contribuer à les stimuler à prendre la mesure de la situation et à agir, chacun selon ses responsabilités.
S’agissant plus particulièrement du climat, il s’agit
Des objectifs partagés sans moyens suffisants pour les atteindre.
Face aux crises sociales et environnementales mondiales, l’ONU et toutes les nations du monde ont adopté en 2015 les dix-sept ODD (Objectifs de développement durable, précisés en 169 cibles) et se sont engagés à les atteindre en 2030. Ces objectifs ambitieux couvrent les grands défis actuels : la pauvreté, les inégalités, la faim, la santé, l’éducation, l’eau douce, l’énergie, les changements climatiques, la pollution, la diversité biologique, les matières premières, la paix et la justice.
Les ODD sont une référence utile et mondialement acceptée. Mais au-delà des bonnes intentions déclarées, les progrès sont faibles : seuls 20 % des cibles sont en voie d’être atteintes en 2030 (1). Ce ne sont que des engagements volontaires pris par les États, sans contrainte extérieure. En outre, certaines cibles demandent une croissance économique soutenue, ce qui semble contradictoire avec les objectifs de limiter les changements climatiques et de réduire les consommations de matières premières (2).
Ces faibles progrès, qui apparaissent aussi au niveau des régions du monde et des pays, soulignent les défis à relever face aux crises environnementales et sociales.
Une situation environnementale alarmante.
En ce qui concerne l’environnement, les scientifiques ont défini neuf domaines dans lesquels le risque existe de perturber la globalité du « système Terre » et de transformer profondément ses conditions d’habitabilité (3) (5). Outre le réchauffement climatique (4), huit autres domaines ont été identifiés comme critiques pour la survie de notre société humaine (voir diagramme ci-dessous).
Pour chacun de ces domaines, des “limites planétaires” ont été identifiées, à partir desquelles les scientifiques prédisent des changements irréversibles dans l’état et le fonctionnement de la partie habitable de la Terre. Les facteurs assurant l’équilibre général du “système Terre” étant multiples et en interaction permanente, le dépassement d’une seule de ces limites aura des effets en partie imprédictibles sur les autres domaines, nous faisant entrer dans l’inconnu.
Aujourd’hui, six de ces neuf limites sont transgressées.
Si elle n’est pas reprise dans les limites planétaires, la surconsommation de matières premières est bien visée par les ODD. L’humanité consomme aujourd’hui environ 100Gt par an de minéraux extraits du sol, de biomasse cultivée ou collectée, de combustibles fossiles. Un chiffre en augmentation continue, au lieu de diminuer vers 50Gt, qui serait un seuil soutenable selon certains scientifiques (2).
A menaces globales imminentes, réponses globales urgentes.
Pour résoudre ces multiples crises environnementales et garder une Terre vivable, un immense progrès est nécessaire.
La technologie peut contribuer à résoudre ces crises , en améliorant l’efficience de nos outils de production de biens et de services, en optimisant les processus existants par exemple par le recyclage des déchets, en rendant nos usines et leurs produits environnementalement « neutres ». Mais pour y parvenir, les progrès à atteindre devraient être au moins trois fois plus rapides que tout ce qui a jamais été réalisé jusqu’à présent (2).
Il faut donc également changer nos modes de vie, les rendre plus sobres en matières et en énergie, par exemple en consommant moins de produits manufacturés, en mangeant moins de produits animaux et plus de produits locaux et de saison, en réduisant le poids des voitures et en utilisant plus de transports collectifs, en se déplaçant moins, en isolant les bâtiments, etc.
Pour réussir ces énormes changements, l’humanité doit se concevoir elle-même comme une partie du “système Terre” et de ses composantes. Il s’agit pour la collectivité humaine et chacune de ses parties d’apprendre à vivre dans le respect et en harmonie avec la nature.
Certains plaident pour agir sur la taille de la population. Mais bien plus que la taille de la population, c’est le niveau très élevé de consommation dans les populations riches qui est à la source des crises environnementales. En outre, agir sur la taille de la population (avec les questions éthiques que cela pose) ne donne des résultats qu’à très long terme, alors que la rapidité d’évolution des crises environnementales nous demande d’agir tout de suite.
Derrière les changements nécessaires, des défis enthousiasmants
Si c’est toute l’humanité en général qui doit changer à terme ses façons de consommer et de produire, ce sont d’abord et surtout ceux qui sont privilégiés qui doivent agir dans leur vie de tous les jours car c’est leur mode de vie qui est à l’origine de 90% des activités qui menacent l’avenir de l’humanité. Ils doivent aussi mettre en place d’urgence une nouvelle répartition du pouvoir et des richesses permettant à chacun de se protéger contre les changements environnementaux, mais surtout de satisfaire ses besoins de base et d’accéder à un mode de vie digne et à un bien-être durable.
Toutes les composantes de la société doivent se mettre en branle : les citoyens-consommateurs, les communautés, les entreprises et les gouvernements.
Il est possible de trouver les chemins d’une sobriété équitable, qui ne sera pas une régression, qui créera des emplois nouveaux et génèrera un bien-être qualitatif accessible à tous. Nous avons les connaissances et les outils pour réaliser ces progrès.
De tels défis, pour être gigantesques, sont tout autant enthousiasmants par les opportunités qu’ils comportent (6).
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(1) ONU, 2023, Rapport sur les objectifs de développement durable 2023, https://unstats.un.org/sdgs/report/2023/
(2) Hickel J., 2019, The contradiction of the sustainable development goals: Growth versus ecology on a finite planet, https://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1002/sd.1947
(3) Richardson et al., All planetary boundaries mapped out for the first time, six of nine crossed, https://www.stockholmresilience.org/research/research-news/2023-09-13-all-planetary-boundaries-mapped-out-for-the-first-time-six-of-nine-crossed.html
(4) Le monde, 9 février 2024, https://www.lemonde.fr/planete/article/2024/02/09/climat-le-seuil-de-1-5-c-de-rechauffement-a-ete-depasse-pendant-douze-mois-mais-l-accord-de-paris-n-est-pas-encore-bafoue_6215716_3244.html
Les limites planétaires sont un concept scientifique qui identifie les seuils écologiques critiques pour neuf processus environnementaux essentiels.
Le franchissement de ces limites augmente le risque de provoquer des changements environnementaux brusques ou irréversibles à grande échelle. Ces changements radicaux ne se produiront pas nécessairement du jour au lendemain, mais ensemble, les frontières marquent un seuil critique d’augmentation des risques pour les écosystèmes et les populations.
Chaque secteur du diagramme montre un des processus environnementaux, avec une indication des niveaux de perturbation actuels et des seuils sécuritaires définis par les scientifiques.
VoIci en VIDEO (6′) un format d’immersion 3D pour (presque) tout comprendre de ce que l’on appelle les “limites planétaires”: cliquer sur Cette fois, la météorite, c’est nous !
D’où vient ce concept ? Quelles sont ces neuf limites ? Comment les a-t-on définies ? Et le fait que nous en ayons déjà dépassé six, prédit-il un effondrement inéluctable pour l’humanité ? Pour y voir clair avec de la nuance, c’est par ici :
Déclic – Le Tournant (47 ‘) – Par Arnaud Ruyssen (RTBF -La Première) – Publié le 17/04/24
Dans six domaines, les activités humaines dépassent ce que la planète peut supporter sous peine de provoquer des changements environnementaux soudains ou irréversibles, affectant l’habitabilité de la Terre, la production alimentaire et la santé humaine.
Les limites sont des processus interdépendants au sein du système biophysique complexe de la Terre. Cela signifie qu'il ne suffit pas de se concentrer sur le changement climatique pour améliorer la soutenabilité. Au contraire, il est essentiel de comprendre l'interaction entre les frontières, en particulier le climat, et la perte de biodiversité.
Source: https://www.stockholmresilience.org/research/planetary-boundaries.html
Cliquez sur chaque domaine pour en savoir plus
Le problème du CO2 dans l’atmosphère était déjà connu de EXXON en 1968 et de TOTAL en 1971. C’est le même Exxon qui plus tard prendra la tête d’une campagne internationale pour contester la science climatique. Un des lobbies qu’elle financera affirmera alors que le changement climatique créera « un monde plus doux, plus vert et plus prospère » (puisque les végétaux se nourrissent de CO2).
Cette propagande massive a retardé d’au moins 20 ans la prise de conscience de la réalité des dangers pour l’humanité et le vivant dans son ensemble. Elle a semé le doute dans la population et empêché les gouvernements de prendre des mesures à la hauteur de la situation dès les années 1980. Les mêmes milieux cherchent à présent à freiner des mesures à la hauteur des défis qui se posent.
Plusieurs institutions nous alertent sur l’urgence climatique : la NASA, le FMI, l’AIE, l’ONU, la Banque Mondiale, le Forum Economique mondial (de Davos), ainsi que la CIA, le FBI, le Pentagone, l’OTAN ainsi que le pape François, avec en 2015 son encyclique Laudato si.
La trajectoire actuelle nous mène vers à un réchauffement de près de 3°C par rapport à la période préindustrielle. Sur cette base, d’ici 2100, petit à petit, nos petits-enfants peuvent s’attendre à ce que 26% des vertébrés, 44% des plantes et 49% des insectes risquent l’extinction. Et à ce que les pays du sud connaissent entre 200 et 300 jours par an des températures (et un niveau d’humidité) au-dessus du seuil mortel pour les humains. Attendront-ils 2100 pour émigrer ?
Au cas où nous nous orienterions vers + 4 à + 5°C d’ici 2100, avec une telle augmentation à un rythme aussi rapide, ce serait le chaos, source de migrations massives et de conflits généralisés bien avant 2100. Les démocraties n’y résisteraient pas.
Introduction de « nouvelles entités » perturbatrices dans l’environnement : métaux lourds, composés synthétiques, perturbateurs endocriniens, etc., qui polluent l’environnement au sens large. Une étude de 2022 attestait déjà du dépassement de cette limite.
Zone encore en construction .. Il n'y a pas encore d'articles à ce sujet.
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Le phosphore et l’azote sont des éléments essentiels à la vie. Les activités humaines, aujourd’hui, perturbent leurs cycles naturels, ce qui entraîne une cascade de dégâts : anoxie des océans, eutrophisation des eaux douces continentales, prolifération d’algues vertes.
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L'eau douce devient de plus en plus rare à cause de la fonte des glaciers, l'imperméabilisation des sols, les sécheresses, la pollution des nappes phréatiques.
L’eau « bleue » est celle qui transite rapidement dans les cours d’eau, les lacs, les nappes phréatiques… vers la mer. Elle représente environ 40% de la masse totale des précipitations, souvent appelées « précipitations efficaces ». Par opposition à des précipitations non-efficaces ? Cette sémantique démontre de l’intérêt pour ce qu’on voit directement, au détriment de ce qui se révèle pourtant le plus important : les 60% du reste des précipitations, qui alimentent « l’eau verte ».
L’eau « verte » est cette eau qui est stockée dans le sol et la biomasse. Elle peut être évaporée par les sols, ou absorbée puis évapotranspirée par les plantes. En termes de flux d’eau douce, c’est l’eau la plus importante. On sait de fait que les plantes gèrent elles-mêmes le cycle de l’eau.
En 2022, la limite a été franchie pour l’eau verte. En 2023, elle est franchie pour l’eau bleue.
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C’est la transformation ou la destruction de milieux naturels (ou semi-naturels) comme les forêts et les prairies, en particulier au profit de terres agricoles. Cela fait référence, notamment, à la déforestation. En 2015, plus que 62 % des terres forestières étaient encore boisées. La limite est de 75 %.
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“La biodiversité et ses services écosystémiques paraissent pour beaucoup de personnes des questions d’experts, loin de notre vie quotidienne. Rien ne pourrait être plus loin de la vérité. Ils sont à la base de notre nourriture, de l’eau et de l’énergie que nous consommons. Ils sont au cœur non seulement de notre survie, mais de nos cultures, de nos identités et de notre joie de vivre.
Les meilleures données disponibles rassemblées par les meilleurs experts mondiaux nous conduisent à une conclusion unique : nous devons agir pour arrêter et inverser la tendance à l’utilisation non durable de la nature – au risque non seulement de nous engager vers un futur que nous ne souhaitons pas, mais aussi de compromettre les vies que nous menons actuellement »
(Sir Robert Watson, président de l’IPBES, la Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques, 2019).
Source : https://www.fondationbiodiversite.fr/actualite/sortie-des-rapports-regionaux-ipbes/
S’agissant plus particulièrement du climat, les écogestes individuels, essentiels, ne pourront suffire. L’État et les entreprises devront réaliser entre la moitié et les trois quarts du chemin [2].
En utilisant un langage de comptabilité d’entreprise, on pourrait projeter l’image suivante. Nombre des dirigeants politiques se concentrent sur « le compte d’exploitation de la société » (niveau des échanges commerciaux et donc croissance du PIB, réduction des coûts et donc des budgets …) et en même temps ont tendance à ne pas porter assez d’attention au « bilan de la société», c’est-à-dire à notre patrimoine naturel.
Si nous n’abandonnons pas cette vision des priorités de la société, nous continuerons à lui sacrifier notre biosphère et notre capital santé au profit d’intérêts industriels et financiers à court terme, d’emplois insatisfaisants et d’une surconsommation dévastatrice au détriment des générations actuelles et futures.
De nouvelles manières d’habiter la Terre sont à notre portée. Aucune fatalité ne condamne l’humanité à détruire son habitat.
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[2] In : Le Soir du 02/08/19, Carte blanche signée par deux chercheurs en sciences économiques : Olivier Malay (UCL) et Tanguy Ollinger (St-Louis).
La découverte de Galilée a révolutionné la cosmologie et a remis en question les croyances de l’époque et l’autorité de l’Église.
De la même manière, la découverte des limites planétaires remet en cause nos croyances dominantes sur la poursuite indéfinie de la croissance, sur la vanité du mode de vie qui en découle et sur la place de l’humain dans l’univers.
Comme elle l’a fait non sans mal à l’époque, il est temps pour l’humanité de repousser les limites de la connaissance et de l’action, afin de lui permettre de continuer à bénéficier de l’hospitalité de la seule planète habitable et de garantir un avenir durable aux générations futures.
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